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UN HOMME LIBRE

femme : Jeanne d’Arc, que d’autres peuples eussent voulu honorer en lui prêtant les charmes des grandes amoureuses, demeure, dans la légende lorraine, celle qui protège, et cela uniquement. Elle est la sœur de génie de René II ; persévérante, simple, très bonne et un peu matoise. Celle de qui l’Espagne et l’Italie fussent devenues amoureuses, est ici une vierge nullement troublante : nos pères affirment que Jeanne ignora toujours les misères physiques de la femme. Cette légende de Lorraine n’est-elle pas plus belle, selon le penseur, que les tendres soupirs du Tasse ! Voilà bien le même sentiment qui fit agenouiller ce peuple devant la mère gigogne de Mansuy Gauvin, devant la vierge de Bon-Secours. Et moi, Simon, sous l’œil des barbares, comme eux je ne savais que dire : « Qui donc me secourra ? »

Dans le palais ducal de la « Ville-Vieille », nous avons visité le musée historique lorrain. Les premières salles sont consacrées aux époques gallo-romaines et mérovingiennes ; nous y interrogions vainement les plus anciens