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UN HOMME LIBRE

dois ! Il faut que je veuille et que je me tienne en main pour pénétrer au jour prochain dans un univers que je vais délimiter, approprier et illuminer, et qui sera le cirque joyeux où je m’apparaîtrai, dressé en haute école.

Colloque

— Benjamin Constant, mon maître, mon ami, qui peux me fortifier, ai-je réglé ma vie selon qu’il convenait ?

— Les araires publiques dans un grand centre, ou la solitude : voilà les vies convenables. Le frottement et les douleurs sans but de la société sont insupportables.

— Tu le vois, je m’enferme dans la méditation mais on ne m’a pas offert les occupations que tu indiques, où peut-être j’eusse trouvé une excitation plus agréable.

– À dire vrai, dans la solitude je me désespérais. Dès que je le pus, je m’écriai : Servons la bonne cause et servons-nous nous-même.

— Mais comment se reconnaît la bonne cause ? et jusqu’à quel point vous êtes-vous servi vous-même ?