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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

très jeune unie à une intelligence assez mûre.

Désireux de respecter cette tenue en partie double de son imagination, j’ai rédigé des concordances, où je marque la clairvoyance qu’il conservait sur soi-même dans ses troubles les plus indociles. J’y ai joint les besognes que, pendant ses crises sentimentales, il menait dans le monde extérieur. Je souhaite avoir complété ainsi l’atmosphère où ce Moi se développait sans s’apaiser et qu’on ne trouve pas de lacunes entre ces diverses heures vraiment siennes, heures du soir le plus souvent, où, après des semaines de vision banale, soudain réveillé à la vie personnelle par quelque froissement, il ramassait la chaîne de ses émotions et disait à son passé, renié parfois aux instants gais et de bonne santé : « Petit garçon, si timide, tu n’avais pas tort. »