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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

Au premier feuillet on voit une jeune femme autour d’un jeune homme. N’est-ce pas plutôt l’histoire d’une âme avec ses deux éléments, féminin et mâle ? ou encore, à côté du Moi qui se garde, veut se connaître et s’affirmer, la fantaisie, le goût du plaisir, le vagabondage, si vif chez un être jeune et sensible ? Que ne peut-on y voir ? Je sais seulement que mes troubles m’offrirent cette complexité où je ne trouvais alors rien d’obscur. Ce n’est pas ici une enquête logique sur la transformation de la sensibilité ; je restitue sans retouche des visions ou émotions, profondément ressenties. Ainsi, dans le plus touchant des poèmes, dans la Vita nuova, la Béatrice est-elle une amoureuse, l’Église ou la Théologie  ? Dante qui ne cherchait point cette confusion y aboutit, parce qu’à des âmes, aux plus sensitives, le vocabulaire commun