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EXAMEN

ci, en effet, à elles seules, n’éveillent que le bâillement. Je ne m’intéresse à mes actes que s’ils sont mêlés d’idéologie, en sorte qu’ils prennent devant mon imagination quelque chose de brillant et de passionné. Des pensées pures, des actes sans plus, sont également insuffisants. J’envoyai chacun de mes rêves brouter de la réalité dans le champ illimité du monde, en sorte qu’ils devinssent des bêtes vivantes, non plus d’insaisissables chimères, mais des êtres qui désirent et qui souffrent. Ces idées où du sang circule, je les livre non à mes aînés, non à ceux qui viendront plus tard, mais à plusieurs de mes contemporains. Ce sont des livres et c’est la vie ardente, subtile et clairvoyante où nous sommes quelques-uns à nous plaire.

En suivant ainsi mon instinct, je me conformais à l’esthétique où excellent les