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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

vis m’est attristé par mille souvenirs, par des sensations confuses incarnées dans les tables du boulevard, dans les souillures de ce tapis d’escalier, dans l’odeur fade de ce fiacre roulant, — je sais des endroits intacts où veillent mille chefs-d’œuvre, et quoique j’aie toujours éprouvé que les choses très belles me remplissaient d’une acre mélancolie par le retour qu’elles m’imposent sur ma petitesse, je pense qu’une syllabe dite doucement les passionnerait.

Je sais, mais qui me donnera la grâce ? qui fera que je veuille ! Ô maître, dissipe la torpeur douloureuse, pour que je me livre avec confiance à la seule recherche de mon absolu.

Cette légende alexandrine, qui m’engendra autrefois à la vie personnelle, m’enseigne que mon âme, étant remontée dans sa tour d’ivoire qu’assiègent les Barbares,