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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

sités, jadis si vives et agréables à voir : tristesse et dérision. Et voilà bien la guitare démodée de celui qui ne fut jamais qu’un enfant de promesse ! Tristesse, tu n’intéresses plus aujourd’hui que des fabricants de pilules, qui te vaincront par la chimie. Dérision m’étant mangé la tête comme un œuf frais, il ne reste plus que la coquille ; juste l’épaisseur pour que je sourie encore.

« Mon sourire a perdu sa fatuité. Je pensais me sourire à moi-même, et j’ai perdu pied dans l’indéfini à me hasarder hors la géographie morale. La tâche n’était pas impossible. J’ai trop voulu me subtiliser. Fouillé, aminci, je me refuse désormais à de nouvelles expériences.

« Je ne sais plus que me répéter ; mes dégoûts même n’ont plus de verve : simples souvenirs mis en ordre ! Chemins d’anémie, misères du passé, je vous vois mesquins du