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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

lequel je plie ma conduite, me déplaira. Aux heures vagues de la journée, souvent, par une fente brusque sur l’avenir, j’entrevois le désespoir qui alors me tournera contre moi-même, alors qu’il sera trop tard.

« C’est pitié que dans ce quartier désert je sois seul et indécis a remuer mes vieilles humeurs, que fait et défait le hasard des températures. Et ce soir, avec ce perpétuel resserrement de l’épigastre et cette insupportable angoisse d’attendre toujours quelque chose et de sentir les nerfs qui se montent et seront bientôt les maîtres, ressemble à tous mes soirs, sans trêve agités comme les minutes qui précèdent un rendez-vous.

« Ceux de mon âge, éversores, des ravageurs, dit saint Augustin, ont une jactance dont je suis triste ; ils sont sanguins et spontanés ; ils doivent s’amuser beaucoup,