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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

circonstances me resserre. » Imagination pénible qu’a part soi il comparait à la vanité pointilleuse des campagnards, mais enfoncée si avant dans sa chair qu’il pouvait la cacher mais non point ne pas en souffrir.

… Une troisième distraction s’offrait : la musique. Amie puissante, elle met l’abondance dans l’âme, et, sur la plus sèche, comme une humidité de floraison. Avec quelle ardeur, lui, mécontent honteux, pendant les noires journées d’hiver, n’aspirait-il pas cette vie sentimentale des sons, où les tristesses même palpitent d’une si large noblesse ! La musique ne lui faisait rien oublier ; il n’eût pas accepté cette diminution ; elle haussait jusqu’au romantisme le ton de ses pensées familières. Pour quelques minutes, parmi les nuages d’harmonie, le front touché d’orgueil