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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

vous donc, donc, témoignez que vous êtes un dieu. » Je m’indigne et je réponds : « Quoi comme les autres ! me définir, c’est-à-dire me limiter ! me refléter dans des intelligences qui me déformeront selon leurs courbes ! Et quel parterre m’avez-vous préparé ? Ma tâche, puisque mon plaisir m’y engage, est de me conserver intact. Je m’en tiens à dégager mon Moi des alluvions qu’y rejette sans cesse le fleuve immonde des Barbares. »

Ainsi se retrouvait-il façonné selon son désir.

Et peu à peu l’amertume mêlée à ce tourbillon de pensées se fondait. Abandonné dans un fauteuil, les pieds sur le marbre de la cheminée parmi les paperasses, immobile ou bien ayant des gestes