Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
EXTASE

de Venise, la grande allure de Van Dyck, la morgue de Velasquez – il serait beau de satisfaire pleinement ma sensibilité contre une sensibilité pareille, et qu’en cette rare union l’estime et la volupté ne fussent pas séparées. Misères, tout cela ! Fragments éparpillés du bon et du beau ! Je sais que je vous apparais intelligent, trop jeune, obscur et pas vigoureux en vérité, je ne suis pas cela, mais simplement j’y habite. J’existe, essence immuable et insaisissable, derrière ce corps, derrière ces pensées, derrière ces actes que vous me reprochez je forme et déforme l’univers, et rien n’existe que je sois tenté d’adorer.

Je me désintéresse de tout ce qui sort de moi. Je n’en suis pas plus responsable que du ciel de mon pays, des maladies de la chose agraire et de la dépopulation.

Après quoi si l’on me dit : « Prouvez--