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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

être curieux de l’inconnaissable, c’est toute la douloureuse noblesse de l’esprit ; tu la possèdes, Amaryllis. Et pouvons-nous te reprocher, à toi qui naquis d’une affranchie orientale, le malheur d’ignorer la forme sereine et définitive, que surent donner à cette inquiétude nos aïeux, les penseurs d’Hellas ?

Dans cette excuse se dressait un peu de fierté, et ce fut tout son reproche à la Chrétienne. Puis en peu de mots elle les remercia d’être venus. Ses amis le plus affichés, jugeant le péril imminent, s’étaient excusés. Seul, un vieillard rejoignit, auprès de la vierge, Amaryllis et Lucius. Il était poète et chancelant. Il affirma que la populace, un peu égarée, se garderait de tous excès. Lucius et Athéné empêchèrent Amaryllis de lui dessiller les yeux : cette vierge ignorante de la vie et ce dé-