Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
SOUS L’ŒIL DES BARBARES

peu d’air pénétrait. Sur la mosaïque, les jeunes hommes traînèrent leurs escabeaux d’ébène près des coussins des femmes. La ligne sombre des armoires encadrait la soie et les brocarts ; les fresques s’éteignaient, plus religieuses dans ce demi-jour ; la salle semblait plus haute, et les dieux de marbre étaient plus des dieux.

La vierge, debout, considérait ce petit monde, le seul qu’elle connût parmi les vivants, le seul qui pût la comprendre et la protéger ; si elle souffrait des phrases inutiles, de l’intrigue et de la vanité de son entourage, ou si elle vaguait loin de là dans le sein de l’Être, sa noble figure ne le disait point. Alors des siècles de grossièreté n’avaient pas modelé le visage humain à grimacer comme font mes contemporains.

À ce moment une clameur monta de la