Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
TENDRESSE

entendit un tumulte de tout le temple devant cette invasion des problèmes ; et son émoi redoublait à sentir la terreur de tous, en sorte qu’il n’essaya point de lutter. Les yeux clos et le cou bondissant, comme si sa vie s’épuisait vers la bien-aimée, il attendit et ses bras se tendaient vers elle, indécis comme un balbutiement…

Il frissonnait de cette haleine légère et de tous les frôlements un peu tièdes oubliés. Elle caressait maintenant ses seins nus contre ce cœur, véritable petit animal d’amour, ingénue et nerveuse, avec son regard bleu, en sorte qu’il murmura brisé : « Fais-moi la pitié de permettre que je ne t’aime point. »

Et peut-être eut-il préféré qu’elle l’aimât.

Mais elle le considérait avec curiosité et quoi qu’elle ne comprit guère, son sourire triomphait ; puis elle rit dans ce lourd silence, de ce rire incompréhensible qu’elle