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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

et jamais extase ne fut plus affaissée que les murmures de cet amour.

De son âme, comme d’un encensoir la fumée, s’échappait le corps diaphane et presque nu de l’amante, si délicate avec ses hanches exquises, son étroite poitrine aiguë et sur ses joues l’ombre des cils. Frêle apparition ! dans ce nimbe de vapeurs légères, elle semblait un chant très bas, la monotone litanie des perfections des amours vaines, l’odeur atténuée d’une fleur lointaine, le soupir de douleur légère qui se dissipe en haleine.

« Ô mon âme, enseignez-moi si je souffre ou si je crois souffrir, car après tant de rêves je ne puis le savoir. Suis-je né ou me suis-je créé ? Ah ! ces incertitudes qui flottent devant l’œil pour avoir trop fixé ! J’ose dédaigner la vie et ses apparences