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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

que l’écho grandi de la plainte qui, goutte a goutte, murmurait en son cœur.

Comme des spirales de vapeur qui nous baignent et s’enlacent et renaissent, la monotone subtilité de son regret tournoyait en sa tête fiévreuse. Qu’ils sont noirs tes cils sur ton visage mat ! Comme ta bouche sourit doucement ! Qu’il flotte toujours, le rêve de ton corps et de ta gorge étroite qui me torture ! Ah ! notre tendresse souillée !

Affaissé dans le couchant de son souvenir, évoquant les senteurs affaiblies de ce sable humide qui criait jadis sous leurs pas, il revécut les nuances de sa tendresse dans la lamentation séculaire des sages. Tous poussaient à grands cris dans le manège les pensées domestiquées par les ancêtres, mais son regard ne se plaisait que