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TENDRESSE

Mais la jeune fille l’entraînait ; légère parmi ses draperies et ses cheveux indiqués dans le vent, elle courait au bosquet qu’éclairent violemment les chansons et le vin. Sous des arbres très durs, sous des torches noires et rouges vacillantes, dans un cercle de parieurs gesticulants, deux lutteurs s’enlaçaient. D’une beauté choquante, ils routèrent enfin parmi le tumulte. Alors les fleurs délicates de ses cheveux, elle les jeta contre la poitrine puissante du vainqueur… — Au reproche du jeune homme, elle répondit sans même le regarder, Dieu sait pourquoi : « J’adore la gymnastique. ? » D’une grâce un peu exagérée, elle n’en était que plus émouvante.

Il s’éloigna, et le souci de paraître indifférent ne lui laissait pas le loisir de souffrir. Puis la douleur brutalement l’assaillit.