travers du chemin mon désir aura ramassé son objet. Et puisque mon plaisir est d’aimer uniquement l’irréel, ne puis-je dire, ô mon amie, que je possède l’immuable et l’absolu, moi qui réduisis tout mon être à l’espoir d’une chose qui jamais ne sera.
» Comprends donc mon effroi. Je ne crains pas que tu me domines : obéir, c’est encore la paix mais peut-être fausseras-tu, à me donner trop de bonheur, le délicat appareil de mon rêve ! Ta beauté est charmante et robuste, épargne mes contemplations. Que j’aie sur tes jeunes seins un tendre oreiller à mes lassitudes, un doux sentiment jamais défleuri, pareil a ces affections déjà anciennes qui sont plus indulgentes peut-être que le miel des débuts et dont la paisible fadeur est touchante comme ces deux fleurs fanées en