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TENDRESSE

Ils atteignirent lentement au sommet de la colline, sous un ciel de lune rougissant. Ce profond paysage d’où affleuraient des branches raides et la plainte monotone des campagnes noyées dans la nuit, fut-il si enchanteur, ou leurs âmes avaient-elles atteint ces équilibres furtifs que parfois réalisent deux illusions entrelacées ; brûlaient-elles de cette ardeur intime qui vaporise toute inquiétude ? Qu’importe le mot de leur fièvre dévorante ! Parmi cette tendresse du soir, sur les gazons onctueux, dans le silence pénétrant et la fraîcheur féconde, la même allégresse, en leurs poitrines allégées d’un même poids, rhyth-