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le jardin de bérénice

était un merveilleux vase avec des yeux peints au fond, — ce qui pour le père, bonhomme un peu lourd, pour la mère, jeune femme vive et rieuse, et pour la jeune Bérénice, elle-même, était un inépuisable sujet de joie.

Ainsi les choses lui faisaient une âme sensible et élégante. Le danger était qu’elle s’enfermât dans la vie intérieure, qu’elle ne soupçonnât pas la vie de relations.

En cela son éducation fut excellemment complétée par le compagnon ordinaire de ses jeux, un singe, que sa mère avait obtenu pour un long baiser d’un matelot à peine débarqué à Port-Vendres. Et ce singe, en même temps qu’il lui apprit l’art de figurer les passions, lui