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le jardin de bérénice

Mon ami, qui habitait Asnières et que pressait l’heure de son train, me demanda de reconduire nos singulières compagnes. Son sourire me froissa, je n’avais plus que mauvaise humeur d’être mêlé à une aventure de cet ordre. Je comptais bien ne pas m’y attarder cinq minutes ! et par la suite je lui ai dû de prendre conscience de deux ou trois sentiments qui jusqu’alors avaient sommeillé en moi.

Dans la voiture, la petite fille s’assit entre sa sœur et moi, et comme c’était tout de même une enfant de dix ans, elle nous prit la main à tous deux. Sur mes questions, elle me raconta d’un ton très doux le détail et la fatigue de ses