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le jardin de bérénice

dreau, s’ouvrit une porte d’où se déploya en éventail un troupeau de petites filles fanées. Elles sautaient à cloche-pied et criaient comme à la sortie de l’école, pouvant avoir de six à douze ans. Sur le trottoir en face, mal éclairé, nous étions des vieux messieurs, des mamans, mon ami et moi, une vingtaine de personnes mornes. Une fillette nous aperçut enfin et courut au peintre avec une vivacité affectueuse. Lui, la prenant doucement par la main : « Ma petite amie Bérénice, » me dit-il. Elle s’était fait soudain une petite figure de bois où vivaient seuls de beaux yeux observateurs. Elle nous quitta pour embrasser une grande jeune femme, sa sœur aînée, d’attitude