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le jardin de bérénice

Quand tu me préféras épouse de Charles Martin plutôt que servante de mon instinct, tu tombas dans le travers de l’Adversaire, qui voudrait substituer à nos marais pleins de belles fièvres quelque étang de carpes. Cesse pourtant de te tourmenter. Il n’est pas si facile que ta vanité le suppose de mal agir. Il est improbable que tu aies substitué tes intentions au mécanisme de la nature. Je suis demeurée identique à moi-même, sous une forme nouvelle ; je ne cessai pas d’être celle qui n’est pas satisfaite. Cela seul est essentiel. Toi-même tu te désoles de ne pas avoir de continuité ; tu insistes sur ceci que toute augmentation de ton âme y suppose quelque