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le jardin de bérénice

À ma table de travail, je défaillais sous ces intérêts refroidis qui encombrent un nouvel élu. Ces querelles émoussées, ces compliments, ces réclamations m’étaient une chose de dégoût, comme l’idée fixe dans l’anémie cérébrale, ou, dans l’indigestion, le fumet des viandes qui la causèrent. La réussite me supprimait trop brutalement le but dont j’avais vécu depuis huit mois ; je n’avais plus d’impulsion à mon service. Qualis artifex pereo ! me répétais-je par ces lentes matinées de loisir, vaguant de la vaste mer a ces vastes espaces couverts des seules digitales, et n’osant à chaque heure du jour visiter Bérénice. Étendu sur la grève, je m’abandonnais aux forces