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mettez une erreur où je tombais dans les premiers temps. En causant avec des électeurs d’une certaine classe, pris individuellement, je croyais avoir affaire au peuple ; cela est faux. Les hommes réunis par une passion commune créent une âme, mais aucun d’eux n’est une partie de cette âme. Chacun la possède en soi, mais ne se la connaît même pas. C’est seulement dans l’atmosphère d’une grande réunion, au contact de passions qui fortifient la sienne, que, s’oubliant lui et ses petites réflexions, il permet à son inconscient de se développer. De la somme de ces inconscients naît l’âme populaire. Pour la créer, seuls valent des ouvriers, des gens du peuple, plus