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le jardin de bérénice

tous parfois nous le reconnaissions, car il y avait des heures, au lent coucher du soleil sur ces étangs, que les bêtes, Bérénice et moi, derrière les glaces de notre villa, étions remplis d’une silencieuse mélancolie…

Mélancolie ou plutôt stupeur ! devant cet abîme de l’inconscient qui s’ouvrait à l’infini devant moi.

En attendant que tu fasses le voyage, regarde donc, ma chère Bérénice, sa grâce, sa douceur. Les femmes adoucissent notre âpreté nerveuse, notre individualisme excessif ; elles nous font rentrer dans la race. Le fâcheux est que trop souvent nous négligeons d’utiliser pour notre culture morale l’émotion qu’elles