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le jardin de bérénice

être, lui seul qui me mettra à même de substituer au moi que je parais le moi auquel je m’achemine, les yeux bandés.

…Voilà ce que m’ont enseigné ces hommes grossiers, ces ignorants que tu t’étonnes de me voir fréquenter. Ils sont de sublimes professeurs, bien qu’ils ne se possèdent pas eux-mêmes. Chacun d’eux représente une des étapes de mon âme le long des siècles. Je me suis penché sur eux, comme sur un pays que j’aurais gravi par une nuit sans lune et sans en garder rien que de confuses images.

Comment pouvais-tu croire qu’à ces masses d’une telle fierté créatrice, désintéressées, spontanées, je préférerais la