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que vous eussiez connues au soir de vos jours d’amour, si vos désirs avaient été mêlés de jalousie.

Les jouissances de l’amour n’augmentent guère l’individu ; le plus net d’elles profite à l’espèce. Peut-être l’amour heureux s’épanouit-il en vertus physiques et morales chez les descendants, mais les amants n’en gardent que le vague souvenir d’un incident peu qualifié. Les souffrances d’amour, au contraire, marquent ceux qui les supportent, au point que quelques-uns en sortent méconnaissables ; elles décantent nos sentiments, fécondent des cellules jusqu’alors stériles de notre moelle, et nous poussent aux émotions religieuses.