Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
le jardin de bérénice

modifié sous l’ardeur de l’Océan, et de même qu’il se modifie dans les esprits qui le contemplent. Dans cette solitude, dans ce silence singulier de mon observatoire qui ne laissait aucun vain bruissement sur ma pensée, dans cette facilité d’embrasser tout un ensemble, les analogies les plus cachées apparaissaient à mon esprit. Je voyais cet univers tel qu’il est dans l’âme de Bérénice, la physionomie très chère et très obscure qu’elle s’en fait d’intuition, l’émotion religieuse dont elle l’enveloppe craintivement ; je le voyais tel qu’il est dans le cerveau de « l’Adversaire », collection de petits détails desséchés, vaste tableau dont il a perdu le don de s’émouvoir, par l’ha-