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trente ans, avec une figure confiante d’adolescent, un regard très pur et le charme d’un jeune animal. Tout en lui était énergie. Comme il tenait pour droiture parfaite chacune de ses pensées ! Avec quel entrain il méprisait ceux qu’il désapprouvait ! Ses certitudes, ses affirmations, son exclusivisme étaient pour moi choses si folles, si dénuées de clairvoyance, qu’il n’aurait jamais pu me blesser. Martin, en vérité, m’excitait autant que merveille au monde ; il m’emplissait d’une perpétuelle satisfaction à vérifier sur chacune de ses paroles combien je n’avais pas trop auguré de son animalité.