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éléments officiels du paysage lorrain. (Callot les a souvent représentés avec leurs fruits.) Les services du vieux poirier de la colline sont oubliés des nouvelles générations ; mais des corbeaux, non. Ils viennent toujours en grand nombre se poser et croasser sur ses branches. Par un temps bas, sur cette lande, il y a du mystère. Léopold s’y complaisait ; il y retrouvait ces grands pressentiments d’un nouvel ordre du monde qu’il avait eus à Tilly, quand il parcourait avec son maître Vintras le plateau qui domine la riante vallée de la Seulles, un plateau où des petits bois encadrent des labours, un lieu agréable et bucolique et, bien que peu éloigné du village, d’une solitude intense. Impossible de rêver un endroit plus éloigné du grand aspect austère de Sion, et pourtant les deux paysages adressaient les mêmes discours au sombre promeneur. Là-bas et ici, le Dieu de miséricorde et de vengeance était de la même façon sensible à son cœur.

C’est auprès du vieux poirier penderet et de la sombre pinède que Léopold, dans ses magnifiques concerts du dimanche sur la montagne, trouve le chant liquide, la cantilène la plus suave et la plus immatérielle. C’est ici qu’une mélodie s’élève, de la masse