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Le dimanche était le jour béni où, sur la côte de Sion, il rechargeait d’espérance son âme. Dans la plaine, toute la semaine, le monde lui a paru couvert de ténèbres, mais depuis les hauteurs de Sion-Vaudémont, le septième jour, la vie va lui apparaître resplendissante de lumière. Dès la première heure, en présence de Marie-Anne Sellier, de sœur Euphrasie, de Madame Mayeur et de quelques autres, il célèbre la messe selon Vintras. Il prie pour ses anciennes paroisses, pour les religieuses de Flavigny et de Mattaincourt, pour les frères et sœurs de Saxon, pour tous ceux dont il a reçu jadis dans ses quêtes les offrandes. Ces ombres fidèles l’entourent, comme les souvenirs des jours heureux se pressent pour le consoler, autour d’un vieillard. À ces âmes clientes, il promet la meilleure part des prospérités qu’il attend, et sitôt l’office achevé, il les entraîne. Il s’achemine avec leur troupe invisible vers le sommet de la sainte montagne. Non pas vers son cher couvent, vers son église de jadis ! Depuis la reprise des ruines par l’Évêque, la belle terrasse de Sion ne dit plus rien au cœur de Léopold. En toute saison, par tous les temps, il gravit l’un des sentiers qui mènent aux parties les plus dé-