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solennelle et les conjonctures d’une exceptionnelle gravité. Le feu du ciel pouvait tomber demain ; il fallait que tout le monde fût sous les armes. Il s’employa sans délai à se refaire une armée et à battre le rappel de ses anciens partisans.

Pour débuter, il s’en alla visiter ceux qui avaient assisté à sa dernière messe dans le fameux jour de la Pentecôte, ou plutôt, comme il disait, le jour du martyre de la Sagesse. À chacun d’eux il apportait, par un privilège spécial, et par une attention de Vintras, un nom d’ange. C’était soulever pour eux le voile d’un grand mystère auquel l’Apocalypse a déjà fait allusion. Lors de la révolte des anges, les uns sont restés fidèles, d’autres méritèrent d’être précipités dans l’abîme, d’autres enfin, disait l’Organe, se sont tenus dans une coupable abstention, et de ce fait furent relégués sur la terre. Les fidèles de Saxon appartenaient à cette troisième catégorie. En leur révélant leurs noms d’anges et le secret de leurs origines, Léopold pensait les enflammer d’une nouvelle ardeur pour le service de Dieu. Sœur Euphrasie devint Vhudolhael, ange des voix attractives qui portent à Dieu ; Marie-Anne Sellier, Phrumelhael, voix centuplée des monts divins ; madame Munier,