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un tableau de sainteté qui ornait le mur au-dessus du tabernacle, le prit pour un portrait de Vintras et voulut le saisir comme un objet délictueux. Dans le même temps, le maire se jeta sur le calice en argent et l’enleva de l’autel. Ce que voyant, le Pontife de Sagesse s’élance, bouscule le maire, lui met le pied sur le ventre et lui arrache des mains l’objet sacré tout tordu. Aussitôt, l’adjoint et le garde champêtre s’écrient :

— Un coup de pied à monsieur le maire ! Un coup de pied à monsieur le maire !

Et tous trois se hâtent de sortir de la grange. M. Janot parcourt les rues, les mains sur le ventre, se plaignant de fortes douleurs et proclamant qu’il venait de mander les gendarmes de Vézelise. Tout le, village menaçant accourt devant la maison. À l’intérieur, autour de Léopold, il ne reste plus que François, Euphrasie et Marie-Anne Sellier. Les autres avaient fui. François se dévoua. Il résolut de sortir pour aller chercher du secours. Mais avant de s’élancer dans la rue, il se mit à genoux devant son frère et lui demanda sa bénédiction.

À peine eut-il paru sur le seuil de la grange que les huées éclatèrent et les cris de : « Au loup ! Au loup ! » Les jeunes gens