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François serra les poings. Il fut pris d’une violente envie de disperser toute cette racaille, mais à ce moment sœur Euphrasie, qui surveillait la scène du haut de la fenêtre, prise d’inquiétude, le rappela. Pour lui obéir, le bon François se dégagea, non sans peine, de ce peuple de Lilliput qui se pendait à sa robe, et disparut dans le couvent. Toutes les huées se tournèrent contre la sœur, avec les mots les plus libres. François ne put l’entendre sans fureur, et, dans la même seconde, rouvrant la porte, il s’élança de nouveau sur la place. D’immenses rires de jeunesse accueillirent cette rentrée de clown et redoublèrent quand, sur un nouvel ordre de sœur Euphrasie, avec mille gesticulations, il s’engouffra de nouveau dans la maison, que la Congrégation barricada solidement derrière lui.

Les enfants continuèrent la bataille. Une de leurs patrouilles découvrit dans la campagne un des frères travailleurs, le pauvre frère Hubert, qui, terrifié par le vacarme et n’osant regagner le couvent, se tenait à plat ventre dans un champ, comme un lièvre entre deux sillons. Ils firent lever le malheureux qui, poussé, bousculé, déchiré, se réfugia à grand’peine chez la bonne Marie-Anne Sellier dans Saxon. Mais leur grand succès