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Madame Baudoche se prêtait avec complaisance à cette curiosité. Parfois, cependant, les paroles de l’Allemand venaient effleurer ce qu’il n’est pas permis aux étrangers de connaître… Alors elle se taisait. La vieille Messine avait vu les malheurs du siège et les convulsions de la journée du 20 octobre 1870, où fut affichée la proclamation de Bazaine à l’armée du Rhin, tandis que les régiments signaient des protestations pour demander à se battre, et que des bandes d’ouvriers et de bourgeois parcouraient les rues avec des drapeaux, sous le tocsin de tous les clochers. Mais de cela on ne parle jamais avec un homme d’Outre-Rhin, pas plus qu’en dehors d’une famille on ne raconte comment le père a rendu l’âme.