Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

culture et de la guerre. Les Lorrains émigrés ne regrettent pas simplement des paysages, des habitudes, une société dispersée, ils croient avoir laissé derrière eux quelque chose de leur santé morale.

Jamais je ne passe le seuil de cette ville désaffectée sans qu’elle me ramène au sentiment de nos destinées interrompues. Metz est l’endroit où l’on mesure le mieux la dépression de notre force. Ici l’on s’est fatigué pour une gloire, une patrie et une civilisation qui toutes trois gisent par terre. Seul un cercle de femmes les protège encore. Instinctivement, je me dirige vers l’île Chambières, et vais m’asseoir auprès du monument que les Dames de Metz ont dressé à la mémoire des soldats qu’elles avaient soignés. C’est une de nos pierres