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enfermés chez eux pour ne pas voir les transformations de leur ville. Des revenants extraordinaires, quelques-uns portant toujours la grande moustache impériale de l’ancienne armée. Ils entrent à l’Hôtel du Nord, dans la salle des conférences, avec un air de bataille. On les dirait venus en service commandé et pour entourer le drapeau. À leurs côtés, ces vieilles demoiselles et ces veuves qui sont à Metz les servantes du souvenir. Et puis quelques familles bien au complet : le mari, la femme, les jeunes gens, jusqu’au petit garçon que l’on récompense d’avoir été sage.

Ces deux, trois cents personnes s’abordent avec une courtoise familiarité, sans éclats de voix. On fait passer au premier rang les conseillers municipaux indigènes,