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toute vernissée et chaque jour fleurie, légèrement exotique, un jeune étranger fort galant, un peu bretteur, adorné d’un monocle, et qui caressait infatigablement sa moustache d’un noir bleuâtre, tout en jugeant d’un mot saisissant comme une invective les maîtres. De ce beau cavalier rimeur, de toute cette fringance, nos jeunes gens n’ont plus guère connu que l’accent un peu rauque avec lequel Moréas a formulé jusqu’à la fin des jugements esthétiques, inattendus, concis et le plus souvent fort sages.

Que ces temps sont lointains ! C’était dans les années 1882 ou 1883, quand Moréas préparait les Syrtes. Nous allions parfois, le soir, dans le haut de la rue