suites et que lui, baron de Reinach, il figure parmi les inculpés.
Aussitôt Reinach se prépare pour un suprême assaut. La presse maintenant se tait. Ce Delahaye, c’est un boulangiste qui n’a ni crédit ni preuves. La Chambre va l’ajourner. Le terrible, qu’il faut bien entrevoir, serait que les administrateurs du Panama, furieux d’être poursuivis, parlassent. Eh bien ! il ne faut pas de procès. Et Reinach en revient toujours à la nécessité de peser sur le gouvernement avant que le parquet lance les citations.
Il s’applique d’abord à montrer de la sérénité : l’indifférence des forts. Le jeudi 17, il écrit de Monte-Carlo à M. Jules Barbier pour qu’ils collaborent à un ballet, et à M. Gailhard, de l’Opéra, pour lui donner rendez-vous le lundi 21, aux répétitions de la Maladetta. Parlant à ce dernier des danseuses, il badine : « Embrassez-les toutes pour moi. »
Le même train qui emportait cette lettre le déposait en gare de Paris, le vendredi 18 novembre, à 5 h. 34 de l’après-midi.
Dès ses premiers pas dans les rues, le baron, de qui ce voyage n’avait pas diminué les battements de cœur, entendit par la bouche de mille camelots fiévreux l’agression violente de la Cocarde. À la lueur des becs de gaz, il lut qu’elle dénonçait par le détail, avec une effroyable exactitude, son rôle de corrupteur. Il comprit dans un