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LEURS FIGURES

de cette rive, combien ces lieux conviennent à un baron de Reinach qui fut vraiment leur incarnation. Brillant fumier de cosmopolites, d’escrocs titrés et de grossiers insolents, cette Côte d’Azur que son public déshonore, voilà bien la patrie élue de ce faux baron de Reinach et de tous ces survivants du gambettisme qui, chaque année, saluent la tombe de leur maître en allant à Monte-Carlo toucher leur subvention. L’atmosphère des salles de jeu, des restaurants et des filles, était bien faite pour le tonifier, le soutenir d’optimisme. Fit-il une pointe en Italie pour y cacher, y chercher des papiers ? Demanda-t-il protection au gouvernement italien de qui il tenait son titre de baron ? Un mot de Loubet (« Graves nouvelles reçues d’Italie ») que nous entendrons tout à l’heure, nous permet de le supposer. Quoi qu’il en soit, c’est au cœur de son royaume, c’est au Casino de Monte-Carlo que le mercredi 16 novembre il lit affichée la dépêche des agences : « La Chambre fixe à demain jeudi la discussion de l’interpellation Delahaye sur les lenteurs de la Justice à faire la lumière sur l’entreprise de la Compagnie de Panama. » En même temps, il apprend que, M. Quesnay de Beaurepaire ayant menacé de démissionner si on le laissait sans ordres, les ministres radicaux, c’est-à-dire Ricard, Bourgeois et Viette ont obligé, en dépit de Rouvier, le conseil des ministres à voter des pour-