Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
LEURS FIGURES

« corrupteur n’existait pas. On avait seulement des soupçons, comme pour Arton. Et voilà pourquoi je n’ai pas été plus loin momentanément, sauf à agir plus tard. »

Pauvre fonctionnaire incertain, qui s’estime déjà courageux jusqu’à l’imprudence ! Une de ces phrases rend intelligible le système de Reinach dans cette période. Reinach, au 8 novembre, n’est inculpé que de complicité dans le détournement des fonds dissipés par la Compagnie ; c’est plus tard, le 19, qu’il sera inculpé comme agent principal de corruption. Reinach espère encore. La condition de son salut, c’est qu’aucun document ne le mette en cause devant le public. Que l’opinion s’égare de sa personne, le gouvernement et la Justice le laisseront bien tranquille. De là, ses efforts auprès de la Libre Parole et du côté de Delahaye.

De Grasse, de Monte-Carlo, l’oreille tendue, la prunelle dilatée, le baron de Reinach smrveillait Paris où, depuis le 8 au matin, paraissaient les dénonciations qu’il avait remises à Andrieux pour Drumont. « M. Drumont, — a dit Andrieux devant la Commission d’enquête, — m’ayant mis sur la liste des personnes qu’il désirait recevoir dans sa prison, j’en ai profité pour aller causer avec un homme dont la conversation est d’ailleurs intéressante. » Ces notes mystérieuses, chaque jour, la vieille domestique