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DES ÉCLAIRS DANS LES TÉNÈBRES

Amiel indiqua comment il avait lu une annonce dans le Figaro : « Bonne récompense pour un homme décidé à une entreprise pénible. » Ils cherchèrent et trouvèrent ces deux lignes dans le Figaro. Ils réclamèrent d’Amiel les lettres où on lui donnait des rendez-vous mystérieux pour préparer l’attentat. Il se décida à leur envoyer une enveloppe. Le baron de Reinach n’avait pas même changé son écriture… Ils rapatrièrent Amiel. Il prouva s’être engagé comme domestique dans un hôtel habité par Cornelius.

Cornelius photographia en plusieurs épreuves le dossier de cette affaire et le promena çà et là, notamment chez M. Constans, ministre de l’intérieur, puis chez le baron de Reinach qu’il accusa formellement. Reinach en fit de grands rires :

— Comment, mon vieux camarade, tu as cru que je voulais t’empoisonner ! Toi ! quelle farce ! Je voulais t’effrayer, t’obliger à passer la frontière.

Mais Cornelius persistait à « la trouver mauvaise ».

— Si tu avais eu simplement l’intention de me faire fuir, j’aurais connu tes tentatives au moment où elles se produisaient ; or, je ne les ai connues que bien plus tard.

Il est à remarquer que, dans leurs insultes et leurs réconciliations, ils se tutoyaient, puis ils reprenaient le « vous ».