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DES ÉCLAIRS DANS LES TÉNÈBRES

la Chambre l’autorisation d’émettre des valeurs à lots. Mais Cornelius avait échoué dans son œuvre de corruption et c’était déjà fort généreux de lui laisser la provision de six cent mille francs qu’il avait touchée. C’est en 1888 que, se préoccupant de l’endroit où sa victime pourrait se fournir pour le payer et songeant à la Compagnie de Panama, il imagina de se faire donner par Reinach un papier ainsi conçu : « Monsieur le docteur Herz. — Suivant convention verbale datant de la première demande de la Compagnie de Panama pour l’obtention d’un emprunt à lots, vous aurez à toucher dix millions de francs le lendemain du jour où la Compagnie aura touché elle-même du public le montant du premier versement sur les obligations à lots pour lesquelles elle demande actuellement l’autorisation des Chambres. » Signé : « Reinach. » Il saute aux yeux que cette convention en date du 2 mai 1888 est le prétexte consenti par Reinach qui tremblait qu’on connût le secret qui le soumettait aux exigences de Herz. Si Reinach confirme et fortifie par écrit, en 1888, et quand il sait ne pouvoir pas y faire face, un engagement qu’il a pris en 1885 et qui est évidemment périmé, puisque Herz n’en a pas rempli les conditions, ce ne peut être par un scrupule qui, même aux yeux du plus délicat des hommes, n’aurait pas de sens : c’est qu’il ne peut pas résister à une pression de Herz.