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LEURS FIGURES

elles ne lui donnaient plus que de l’irritation. Et soudain il s’aperçut qu’il ne les connaissait pas.

Nous-même, nous avouerons nos ténèbres que trouent seulement quelques lumières. Notre regret de présenter au lecteur des événements éclairés par les jaillissements d’une lanterne sourde — la lanterne de la police — peut-il être atténué par la sorte de poésie étouffante qui naît de ces mystères criminels ?

« J’ai connu le baron de Reinach par Joseph Reinach, a dit M. Rouvier ; il avait entretenu avec mes prédécesseurs au ministère des finances, et non des moins éminents, des rapports tout aussi fréquents qu’avec moi, et il s’occupait de toutes les affaires économiques. Je crois bien que c’est lui qui a conseillé la création du 3 % amortissable. » Ce conseiller occulte des finances françaises entrait dans toutes sortes d’affaires où il apportait comme contribution son influence parlementaire. Dans les fournitures militaires, dans les Chemins de fer du Sud, on vit son action prédominer et toujours avec un caractère d’infamie. Quand M. Quesnay de Beaurepaire, ayant accepté de faire condamner le général Boulanger par le Sénat, cherchait partout des témoins à charge, Joseph Reinach proposa son beau-père, mais, « sur le vu des pièces », le procureur général constata que le baron de Reinach et un ancien ministre radical avaient joué « un rôle plus que