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LE CABINET D’UN MAGISTRAT

presse. Le gouverneur actuel du Crédit Foncier a encore aggravé le mal. Il ne se contente pas, lui, de donner de l’argent au moment des émissions : il subventionne les journaux continuellement ; il a inventé les mensualités. Ce n’est pas notre système ; nous versions aux journaux seulement pour les émissions. Il s’est fondé des feuilles qui ne tiraient qu’à un numéro et que nous faisions disparaître. Il y en a qui acceptèrent cinquante francs, vingt-cinq francs. J’avoue que, même dans les intervalles des émissions, nous avons fait en sorte que la presse nous fût favorable… En plus des journalistes, nous avons dû satisfaire quantité de gens. On y pourvoyait par les Syndicats de garantie. Aujourd’hui, pour lancer une émission, il faut grouper les grandes sociétés de crédit (Société générale. Crédit Lyonnais, etc.), un certain nombre de gros et de petits banquiers, et leur attribuer une commission, un tant par titre. Ils touchent ainsi une grosse somme. C’est très légitime, me direz-vous, puisqu’ils courent un risque en garantissant l’émission. Sans doute, mais ils ne courent aucun risque et ne garantissent rien du tout ; ils se contentent de toucher une commission. Nous sommes obligés de subir leurs exigences, car toute la clientèle leur appartient et, s’ils n’ouvraient pas leurs guichets, notre souscription ne serait pas couverte. Aussitôt une émission annoncée, c’est