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ROULEMENTS DU TONNERRE

« grosse affaire ! On ne peut pas procéder immédiatement et légèrement en pareille matière ! » Disons-le au passage : en toute matière judiciaire, il est désirable qu’un magistrat n’agisse pas légèrement. Mais à qui s’en référera-t-il ? À sa conscience ? Le sentiment du devoir, alors ! Plus que ta conscience, magistrat, crains le garde des sceaux ! M. Prinet l’a bien compris : « En pareille matière, on ne peut pas agir légèrement. De sorte que j’ai dû me mettre en rapport sur ce point avec M. le Garde des Sceaux. »

L’honnête magistrat admettait-il que son chef pourrait lui répondre : « Fermez les yeux, ignorez ces crimes-là ! » Il avertit le garde des sceaux que « la loi d’autorisation votée le 28 avril 1888 par la Chambre, et dans le mois suivant par le Sénat, aurait été accompagnée de certaines circonstances peu honorables pour les administrateurs du Panama ». Le garde des sceaux, « franchement, simplement, loyalement », donna « carte blanche » à son subordonné. Il l’autorisa à poursuivre cette face de l’affaire complètement et activement, sans se laisser arrêter par aucune considération ». Aucune considération ! Voilà les termes textuels qui étonneront les parlementaires tant qu’il y en aura dans le monde et qui, à la fin d’octobre 1892, les convulsèrent.

Ainsi, disaient-ils, ce pauvre M. Ricard ne juge pas les diffamations de la Libre Parole assez