voyait : « Il est le plus jeune, se disait-il, c’est à lui de me saluer. » Et ce salut, il le souhaitait à un point qu’il eût rougi de s’avouer. Mais Sturel descendit l’allée d’eau qu’on appelle « allée des Marmousets ». Tous deux se suivaient à trente pas. Près du boulevard de la Reine, à la porte du bassin de Neptune, Sturel croisa un groupe d’ouvriers ; il reconnut les jardiniers du Jardin du Roi, qui l’interpellèrent :
— Eh bien ! l’avez-vous vu, le chéquard ? Le voilà derrière vous,
Sturel voulut passer outre. Mais l’un d’eux l’arrêta par le bras et, montrant du doigt Bouteiller à quelques mètres, cria : « Panama ! Voleur ! » et les plus véhémentes injures. Bouteiller se méprit : il crut que son ancien élève le dénonçait à des passants.
— Monsieur François Sturel ! ordonna-t-il.
Le jeune homme se retourna. Il demeura immobile dans une attitude où d’instinct il cherchait à marquer sa possession de soi-même. Une magnifique fierté se développa dans son âme pour protester contre la basse péripétie où semblait vouloir glisser une querelle si noble dans son principe. Serait-ce donc une loi nécessaire qu’une contradiction poursuivie sans résultats durant des années, finît par réduire deux adversaires dans une parité hideuse ?
Bouteiller, tout blême, arrivait, courait presque, comme si toutes ses irritations avaient soudain