donc Rœmerspacher ? Son mariage avec Mme de Nelles.
— Tu sens s’il m’eût été pénible que le nom qu’elle porte figurât sur la liste. Tu connais les idées de Lorraine. Mon père, comme vieux libéral, pourra bien accepter pour bru une divorcée, mais la femme d’un chéquard !
Cette histoire de mariage gêne un peu Sturel. Rœmerspacher avoue en termes simples son amour. Il se félicite d’avoir trouvé les conditions d’une vie complète, d’une vie normale.
— L’intelligence, peuh ! Nous sommes profondément des êtres affectifs. L’émotivité, c’est la grande qualité humaine. La production de toute grande découverte, de toute haute et forte pensée, s’accompagne toujours d’une émotivité extraordinaire. Voilà ce que j’ai méconnu pendant des années. Tu me trouvais un peu carabin. Je dégradais mon intelligence en laissant s’atrophier en moi les qualités délicates de la vie affective.
Il avait pris depuis quelques années le ton explicatif du professeur : mais sa figure accusait de plus en plus de force et de sérénité. Sturel pensait : « Voici qu’il rallie la voie où depuis ma vingtième année je chemine. Ce qui m’attachait aux idées incarnées dans Boulanger, puis à cette campagne sur Panama, c’était un haut raisonnement sur les destinées de mon pays, et poussé à un degré où l’intelligence rejoint et confirme les