Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
339
LA LIQUIDATION CHEZ STUREL

femmes elles-mêmes sont bien empêchées, et notamment par leurs perfections physiques, d’atteindre à la perfection morale). Ce ne fut d’ailleurs qu’un éclair de sensualité. Sturel vit les difficultés et recula aussi devant la gêne d’âme qui eût suivi toute agréable brusquerie.

Deux amants sincères qui se retrouvent après leur rupture, si l’homme a l’occasion de donner un gage, et, comme Sturel, de protéger son ancienne amie, créent d’abord un sentiment exquis de douceur, de confiance et de regrets. Sturel diminué par ses projets anéantis, Thérèse, lasse de ses craintes dissipées, causèrent durant une demi-heure comme des frère et sœur convalescents. Ce que disait Thérèse n’importait guère, mais l’accent renouvelait d’anciens plaisirs, d’anciennes douleurs et faisait penser à Sturel : « Comme je vieillis ! Tant de choses déjà sont mortes en moi ! Je ne verrai plus ma vingt-cinquième année. »

Le cynique Suret-Lefort, si la politique rebâtit un jour les Tuileries, pourra devenir quelque joli courtisan, car il sait la manière de favoriser les choses en paraissant à mille lieues de les deviner ; il se montra dans cette soirée sentimentale, dans ce triomphe de l’absurde et des motifs esthétiques sur les raisons raisonnées, leur parfait confident.

Quand Suret-Lefort reconduisit Mme de Nelles,